Depuis plus de 24 ans, notre association oeuvre dans un lieu de mémoire particulier, un bunker allemand d’état-major, à lutter contre l’oubli et contre toute forme de révisionnisme.
Notre parti pris est de rappeler le conflit passé en soulignant les caractéristiques de la victoire pour la liberté : la technicité de la lutte et surtout l’importance de l’engagement. Le but de notre travail de mémoire tend à faire partager aux visiteurs l’importance et la nécessité de l’engagement à travers l’exemple de nos anciens. Cet engagement sert d’abord la Paix, nécessaire à l’épanouissement des individus dans la liberté et la dignité humaine.
La commémoration du Débarquement est au cœur de nos activités annuelles pour deux raisons, l’une historique, l’autre correspondant à notre travail de mémoire :
Créée à l’initiative de passionnés de la Seconde Guerre mondiale, l’Association pour la mise en valeur du bunker de commandement de la 15ème armée allemande vit le jour en mai 1986.
Ce vestige, implanté sur la propriété Caulliez, réquisitionnée dès l’entrée de la Wehrmacht à Tourcoing le 25 juin 1940, fut abandonné fin août 1944 par l’état-major allemand et entièrement vidé de tout son matériel militaire amovible.
Après guerre, le bâtiment, inventorié par le Génie militaire de Lille fut considéré comme « ouvrage militaire éventuellement utilisable par l’armée ».
Les services du génie n’en firent pas de cas et il fut laissé à l’abandon. Oublié administrativement, il fut utilisé par l’abbé Caulliez comme local et entrepôt de matériel d’une troupe de Scouts de France.
Dans les années 70, après la démolition des villas Caulliez, Six et Tiberghien, le site devint un terrain vague, la végétation reprenant ses droits, le bunker sombra dans l’oubli. Il fut également oublié des ferrailleurs et leurs chalumeaux ravageurs ce qui lui permit de garder intact l’ensemble de ses éléments métalliques (portes blindées, gaines de ventilation, etc.)
Le terrain appartenant au GIL, la ville en devint propriétaire et, reconnaissante du travail sérieux effectué par l’association, elle reconnaît officiellement notre participation culturelle au devoir de mémoire. Rapidement l’association aura le privilège de compter parmi ses sociétaires, Monsieur Maurice Schuman, porte-parole du Général de Gaulle et de la France Libre.
Les gros travaux purent commencer avec le défrichement de la cour et des abords, et le gros morceau, la remise en état de l’intérieur du bunker.
Cinq années de travaux ont été nécessaires avant de pouvoir ouvrir le musée le 21 septembre 1991.
Au début nous possédions très peu de matériel mais nous avions le « bâtiment », ce bunker où furent interprété correctement les fameux vers de Verlaine le 5 juin 1944.
Les collectionneurs étaient là pour nous aider, pour nos premières expositions et puis il fut décidé les expositions thématiques annuelles, un gros challenge mais qui fut relevé avec succès. Chaque exposition comportait un diorama et également une partie maquette.
1995 : début des partenariats avec d’autres structures.
1996 : début d’une longue série d’expositions sur les grands thèmes de la Seconde Guerre mondiale en commençant par « Blitzkrieg- Bataille d’Angleterre » et pour terminer par « l’effondrement de l’Allemagne ».
2002 : l’apothéose ! Venue de Horst Wenzel, vétéran allemand qui travaillait dans le bunker de commandement, ce que nous attendions depuis des années !
2004 : commémorations du soixantenaire du Débarquement allié en Normandie avec la participation de Horst Wenzel et de Walter Debus et de la Libération de Tourcoing.
Visite d’un quatrième vétéran allemand : Hans Mathé qui lui travaillait à bord de véhicules radios.
2006 : finalisation de la salle consacrée au Débarquement en Normandie.
2009 : commémoration du 65ème anniversaire du Débarquement en Normandie avec la participation de Horst Wenzel.
2012 : exposition « Dieppe 19 août 1942 » avec la participation de Monsieur Jacques Nadeau, vétéran canadien en compagnie de Lise Boulanger sœur de Robert Boulanger tué sur la plage de Dieppe et de sa nièce, Denise Bernard.
Décès de Horst Wenzel.
2013 : exposition sur les Commandos Kieffer avec la participation de Dominique Kieffer, fille du Commandant Philippe Kieffer.
2015 : exposition « Mur de l’Atlantique dans le Nord Pas de Calais.
Depuis maintenant 4 ans, l’association est propriétaire de tout le matériel présenté dans le musée.
Une fois par an, l’Association organise une sortie en Normandie sur les hauts lieux du Débarquement.
Pour commémorer la “Libération de Tourcoing” le musée avait proposé à la municipalité un spectacle “son et lumière” de plus de 2 heures, un défilé d’une soixantaine de véhicules d’époque dans Tourcoing et les villes avoisinantes et une exposition au musée.
Week-end réussi, les spectateurs au rendez-vous et une immense satisfaction, merci à tous les participants.
Plusieurs associations avaient répondu “présent” pour cette inauguration, pas moins de 16 véhicules d’époque, une trentaine de personnes en tenue d’époque, un Pip Band Ecossais et cerise sur la gâteau, la présence de Mme Dominique Kieffer, fille du commandant Philippe Kieffer qui mena à l’assaut ses hommes le 6 juin 1944 sur la plage de Ouistreham.
Réception à l’Hôtel de Ville et ensuite défilé dans les rues de Tourcoing et retour au musée pour l’inauguration de l’exposition.
20 août 2012. Venue de nos amis Canadiens, Mme Lise Boulanger, soeur de Robert Boulanger qui fut tué à l’âge de 18 ans et cinq jours sur la plage de Dieppe le 19 août 1942, Mme Denise Bernard, nièce de Robert Boulanger et Mr Jacques Nadeau, vétéran du raid de Dieppe. Ce fut une journée exceptionnelle. Nos amis purent visiter l’exposition sur “Dieppe 19 août 1942” en présence des autorités de la ville de Tourcoing et de Mme le Consul du Canada.
A travers ce film, revivez un épisode important de la guerre des ondes que se sont livrés les services de renseignements alliés et allemands.
L’enjeu ? Le débarquement en Normandie un certain 6 juin 1944…
Quel secret cachaient les vers de Verlaine ? Quel fut le rôle de la Résistance ? Les Allemands ont-ils compris ?
Production : Musée du 5 juin 1944 “Message Verlaine”de Tourcoing
Réalisation/Montage : C. Desbonnet – J-P. Crépieux – B. Crépieux.
Musique : Pixie bus – Dépôt SACEM en cours.
Commentaires : A. Defretin – D. Houwenaghel – E. Buyssechaert
Durée : 41 mn Langue : française Couleur : sépia
Merci aux communes de Leffrincouke, Linselles, Saint-Michel
et Tourcoing.
Novembre 2004, Hans Mathé est le quatrième vétéran allemand à nous rendre visite. Il vient de Bad Vilbel près de Francfort. Il est resté avec nous à Tourcoing durant une semaine,où il a essayé de retrouver les endroits où il a séjourné durant le conflit.
Il ne se sent pas à l’aise, il nous confie : « tu sais je suis allemand et que vont penser les gens ? » Nous lui répondons simplement : « Hans, il y a 60 ans et tu étais un soldat, un radio et non pas un nazi ». Nous sommes allés passer un week-end à Bad Vilbel où nous avons été accueillis à bras ouverts et nous n’oublierons pas ces moments en compagnie de Hans, son épouse et son fils.
Quelle ne fut pas notre surprise lorsqu’un jour de mars 2002, nous recevions un courrier venant d’Allemagne, de Berlin plus précisément. Ce courrier était envoyé par M. Horst Wenzel, vétéran allemand qui avait séjourné à Tourcoing pendant la Seconde Guerre mondiale et qui, “oh surprise pour nous,” travaillait dans le bunker de commandement en tant que “Geheimschreiber”.
Nous attendions cela depuis des années, avoir un vétéran qui avait travailler dans le bunker et, un jour d’avril, il vint à Tourcoing accompagné de son fils Karl Heinz. Passés les moments d’émotion de se retrouver dans ce bunker qu’il avait quitté 58 ans plus tôt, Horst nous raconta sa vie dans le bunker et surtout cette fameuse soirée du 5 juin 1944, lorsqu’à 21h15, le message Verlaine fut intercepté et correctement interprété dans le bunker de commandement.
Horst revint à plusieurs reprises à Tourcoing, notamment pour le tournage de notre film consacré au “Message Verlaine”, et pour les commémorations du Débarquement allié en Normandie. Nous nous sommes également rendus à Berlin à plusieurs reprises, il voulait nous montrer sa ville.
Horst nous a quitté en août 2012 à l’âge de 92 ans.
Walter avait vécu à Tourcoing, comme son confrère Herman Darmstädter, de 1941 à 1944, mais lui, avait travaillé dans la zone interdite à l’époque. Bien que travaillant dans la zone même, il devait préciser qu’il n’avait jamais eu l’autorisation de pénétrer dans le bunker surnommé à l’époque “Ghettos” pour la simple raison que, seuls les officiers et certains sous-officiers triés sur le volet, avaient le droit d’y pénétrer.
C’est donc pour lui “une première” puisque jusqu’à présent, Walter n’avait pu que regarder l’ouvrage sans même pouvoir s’en approcher.
Au cours de cette discussion, Walter devait nous remettre 32 photos personnelles de l’époque, prises sur les lieux de travail mais aussi sur ses lieux de résidence de la rue des Carliers et de la rue Montyon.
Herman, était stationné à Tourcoing comme téléphoniste pendant la période d’occupation de 1941 à 1944. Curieux de revenir sur les traces de son passé, Herman avait demandé à la ville la possibilité de visiter notre musée, bien que ce dernier fut en travaux d’aménagement, cette demande fut tout de suite acceptée.
Herman accompagné de sa petite fille, devait avec une grande sincérité, “s’excuser pour tout le mal qui avait été fait durant le conflit.” Le moment étant plus qu’émouvant, notre Député-Maire de l’époque, Jean Pierre Balduyck, devait insister sur la réalité présente de l’amitié franco-allemande.
L’émotion passée, Herman, les larmes au yeux, devait confier au musée un téléphone de campagne allemand de 1943, qu’il avait toujours conservé chez lui.
Au moment de nous séparer, Herman, la voix tremblante déclarait: ” je suis parti de Tourcoing en ennemi… mais je suis revenu en ami.”